Le petit journal n°1
Petit Journal de l’Association
N° 1 - Janvier 2005
Suite à une idée chère à plusieurs d’entre nous et spécialement à Chantal Gourdon, il nous a paru très important d’essayer d’instaurer des relations entre nos partenaires, et dans un premier temps de les informer mutuellement des projets que nous soutenons, au Nicaragua et en Inde.
Voici donc le texte du courrier qui a été envoyé en espagnol, à CODER - Cinco-Pinos au Nicaragua :
Petit rappel : les projets que nous soutenons au Nicaragua sont l’adduction d’eau pour 70 familles et une école, et la mise en place de l’apprentissage d’une médecine par les plantes ; Montants : 13 300 euros pour l’eau et 640 euros pour la santé par les plantes
(une lettre dans le même esprit a été également envoyée -en anglais- à l’association LITDS en Inde)
Chers amis de CODER,
Notre association DEMAINS créée en mars 2003 compte une soixantaine d’adhérents à ce jour. La participation personnelle des adhérents a permis de soutenir le projet d’adduction d’eau à Los Araditos, dès la fin 2003.
Cette année, nous avons décidé de soutenir un projet en Inde présenté par l’association LITDS
( Loyola Integrated Tribal Development Society ).
A l’avenir, notre association désire rester à l’écoute et répondre aux nouveaux besoins de CODER ainsi qu’à ceux de LITDS.
Nous désirons établir entre nos trois associations des échanges permettant de mieux nous connaître : nos différents modes de vie, au Nicaragua, en France et en Inde, les réalités locales dans les trois pays avec les difficultés et les projets de chacun.
Dans ce but, dans les prochaines semaines, nous vous enverrons un petit document expliquant la vie des tribus indiennes concernées par le projet agricole : création de fermes laitières dans trois hameaux avec achat de bufflonnes et forage de puits avec également une carte situant le lieu de ce projet.
En retour, nous aimerions, si c’est possible, que CODER réalise un courrier donnant des informations sur la vie quotidienne à Cinco Pinos. Ce courrier pourra être traduit en anglais ici, en France, et communiqué à LITDS en Inde.
Nous sommes à des milliers de kilomètres de distance mais cette relation par courrier permettrait de mieux nous connaître et de nous engager sur la voie du partenariat. Nous espérons aussi que ces échanges permettront de motiver les adhérents pour financer les projets nécessaires.
Plusieurs membres de notre association habitant autour d’Angers se sont réunis le 14 octobre dernier. Après avoir mangé un « gallo pinto », nous avons visionné un film sur les tribus indiennes. Puis Chantal a commenté la vie à Cinco Pinos tout en nous montrant des photos . En fin de soirée, nous avons réfléchi à des activités susceptibles de sensibiliser d’autres personnes et de trouver des fonds.
Nous avons bien reçu le compte-rendu de l’assemblée générale et, tout dernièrement le compte-rendu de l’exécution du projet ‘Agua potable’ de Los Araditos , transmis par Chantal.
Un grand merci pour votre fidélité à nous envoyer des nouvelles. Nous allons aussi écrire plus souvent.
A bientôt, Bien cordialement
Pour l’association DEMAINS : Marie-Thé Rivière, et Thérèse Marais, maman d’Eric Marais.
Présentation de notre nouveau partenaire
Le rêve de LITDS
LITDS - Association de Développement Intégré pour les Populations Tribales
Créée en 1994, pour les 30 000 habitants de 140 villages.
En 2004, le rêve de cette association est une ferme laitière dans chaque village pour les groupements de femmes et une ferme agricole pilote pour leur apprendre l’agriculture.
Comment ce rêve a-t-il émergé dans ces forêts profondes ?
Cela se passe dans le sud de l’Inde, en Andhra Pradesh, aux confins du Madhya Pradesh et de l’Orissa. Une région de grandes forêts abritant de nombreuses espèces d’arbres recherchées pour le commerce, sillonnée par deux grandes rivières et où il tombe 2239 mm d’eau par an.
Les Konyas, les Kondareddies, les Kotus Koyas et les Naiks y vivent loin de toutes villes. Cinq à sept familles se regroupent pour former un hameau, trois quatre hameaux distants de quelques kilomètres forment un village. Leurs maisons sont en bambou et terre battue, couvertes d’un toit de chaume. Ils eurent et gardent encore une âme de chasseurs. Ce qui explique que leur agriculture reste itinérante sans moyens ni technologie moderne. Leur nourriture de base est le « jowar » (sorgho) et le riz.
Un arbre, nommé l’arbre à vippa, est une manne : ses fleurs sont la base d’un alcool, ses feuilles sont séchées puis consommées ; de ses pépins, ils tirent de l’huile, il est honoré comme arbre de Vie.
Le marché hebdomadaire est un moment et un endroit privilégié pour la vie sociale et commerciale. Le troc et l’échange y sont encore couramment utilisés. Les Tribus ont leur propre système administratif où le chef du village a toute autorité.
Les gens des tribus sont animistes et vénèrent un dieu des Tribus. La Fête de la terre et des premiers fruits est beaucoup plus importante pour eux que les fêtes hindoues qui ne sont pas célébrées. Cette fête donne lieu à une grande manifestation. La communauté villageoise récolte les premiers fruits et les distribue en quantité égale à chaque membre de la tribu. Tant que cette première récolte n’est pas faite, que le partage n’est pas réalisé, les propriétaires des arbres ne toucheront pas aux fruits.
Les populations tribales n’ont pas de costumes spécifiques mais à l’occasion de ces fêtes, ils portent une coiffure avec des cornes de buffle, qui est représentée sur le logo de LITDS.
Ils se contentent de ce que la nature leur offre et partagent avec leurs semblables ce qu’ils possèdent. Ce mode de vie ne donne pas la priorité à l’école. Les enfants travaillent dans la forêt et les champs, gardent le bétail, prennent soin des plus jeunes restés à la maison etc.
Pour atteindre ces hameaux il faut traverser plusieurs ruisseaux et s’enfoncer loin dans la forêt, leurs habitants ne sont pas en contact avec le monde moderne et son développement socio-économique.
Ce contexte permet aisément de comprendre que loin des techniques agricoles modernes, loin du développement et des critères du profit, ils sont devenus la proie des personnes de l’extérieur qui profitent de leur ignorance, les exploitent comme main d’œuvre et accaparent leurs terres en friche.
Le manque de scolarisation, d’éducation, de formation, une eau non potable engendrent le cortège habituel des effets tels que : la malnutrition, les maladies (tuberculose, paludisme..), le manque de revenus etc.
C’est pourquoi LITDS s’est mise au service de ces tribus. A l’éloignement, aux maladies, au manque d’éducation, à une agriculture primitive plusieurs réponses ont été apportées depuis 1994.
Parmi les réalisations :
Pour la scolarisation des enfants, un internat héberge gratuitement, à Katukapalli, 220 enfants (110 garçons, 110 filles). LITDS aide 52 jeunes qui poursuivent leur scolarité dans des lycées.
Pendant les vacances, les enfants scolarisés ont pour mission de faire la classe aux plus jeunes de leur village dans la journée, et le soir à leurs parents.
Ils sont très fiers de cette tâche qui rencontre beaucoup de succès dans leurs villages.
Des écoles et des enseignants supplémentaires viennent s’ajouter aux écoles publiques insuffisantes.
Des cours accélérés ont été mis en place pour des filles et des garçons d’environ 14 ans qui n’ont pas pu aller à l’école car ils travaillent. Cette initiative de LITDS leur permet de passer les examens d’Etat, un apprentissage professionnel est aussi prévu. Mais comme dit Peter Daniel, responsable de l’association, c’est une goutte d’eau dans l’océan et une tâche « himalayesque ».
Des groupes de jeunes, formés dans chaque village, ont pour mission de sensibiliser enfants et parents à la scolarisation en expliquant les méfaits de l’illettrisme, les causes de maladies, les difficultés socio-économiques, les injustices etc.
Pour la santé : un dispensaire mobile est la solution trouvée pour soigner les populations les plus éloignées, et l’occasion de les former aux soins préventifs. Les cas les plus graves, les urgences, sont transportés à l’hôpital de Badrachalam.
Pour la santé maternelle et infantile, les enfants de 0 à 5 ans bénéficient d’un centre nutritionnel, et les femmes d’un programme de santé prévoyant des soignants aux pieds nus dans chaque village.
Pour les femmes : elles ont besoin de revenus pour la scolarisation des enfants, l’achat de médicaments..., des groupements leur donnent la possibilité d’épargner et d’obtenir des prêts.
Ces prêts servent à créer des activités sources de revenus telles qu’ouvrir une échoppe, fabriquer des sacs en papier, cultiver un potager etc.
Maintenant que vous connaissez le contexte vous pouvez comprendre le rêve de cette association de développement : les fermes.
Acheter 30 buffles pour trois groupes de femmes. La production laitière de ces buffles aura deux destinations : nourrir les enfants et être vendue à une usine de bonbons de la région et à des hôtels.
Vous n’apprendrez rien si nous vous disons que ces buffles ont besoin de pâturages. Mais qui dit pâturages, dit herbe et qui dit herbe dit besoin d’eau. Cette eau, il faut la pomper, d’où la nécessité de creuser des puits et de les équiper en motopompes.
La ferme agricole sera là pour leur apprendre le b-a ba de l’agriculture car ils ont tous des terres mais ne savent pas en tirer profit pour se nourrir et éventuellement vendre leur production à plus longue échéance.
Le projet de LITDS est de les aider financièrement pour :
– acheter 30 buffles,
– creuser trois puits
– acheter 3 pompes et les installer
– acheter les tuyaux et faire l’adduction
– fabriquer des abris pour les buffles
Ceci représente un coût total de 10325 euros.
DEMAINS a accepté d’aider LITDS à concrétiser ce rêve, car cette association répond vraiment aux objectifs définis dans notre Charte. Le projet de LITDS est de donner à ces populations tribales les moyens de se développer à tous les niveaux grâce à un programme intégré qui respecte leurs valeurs, leurs traditions, leur religion. Elle s’est engagée dans ce projet en mobilisant les tribus pour les impliquer dans la prise en charge de leur propre développement. Comme le conclut Peter Daniel, responsable du projet, « la contribution de DEMAINS, donc la vôtre, à cette grande aventure, ajoutera certainement de la force à leur engagement ». |
Pour terminer, quelques idées de lecture :
Les anges cannibales de Jean-Claude DEREY
(Ed. du Rocher)
Ou un écrivain dans l’enfer des enfants soldats, en Afrique ; ce livre, très dur, est soutenu par l’UNICEF.
Pour ceux qui connaissent déjà le Père Ceyrac, et souhaiteraient le retrouver, et tous ceux qui voudraient découvrir cet infatigable frère des hommes et femmes de l’Inde et du Cambodge, 2 livres :
Une vie pour les autres – l’aventure du Père Ceyrac, de Jérôme Cordelier (Perrin)
Et
Mes racines sont dans le Ciel, du Père Ceyrac (Presses de la Renaissance)