Sécheresse à Cinco Pinos : le phénomène El Niño.
Nos partenaires de la CODER, au Nicaragua, ont souvent à faire avec des conditions climatiques extrêmes, rendant leur vie quotidienne compliquée. Ce sont parfois des pluies torrentielles (on se souvient de l’ouragan Mitch de 1998). C’est souvent la sécheresse qui compromet les récoltes. Les courriers reçus du Président de la CODER, William, en témoignent. En voici quelques extraits.
24 nov 2014
Pour la période de la première récolte, le phénomène du Niño a causé des pertes et une pénurie alimentaire chez les petits et moyens producteurs et productrices. Cependant la période de dernière récolte a été un peu plus productive, les pluies ont été normales, il n’y a pas eu autant de pertes que lors de la première récolte.
Actuellement CODER travaille sous un angle agro - écologique avec les familles le plus démunies de la commune. Il faut souligner que celles-ci sont rentrées dans un processus de changement en ce qui concerne la dynamique de production de leurs aliments. Des familles paysannes sont en train d’incorporer dans leurs systèmes de production des technologies biologiques (élaboration d’engrais et d’insecticides biologiques).
07 aout 2015
En ce qui concerne les conditions climatiques nous traversons des moments critiques. Pour l’époque de la première récolte (mai – juillet) il n’a plu que deux fois dans nos villages ce qui n’a pas été suffisant pour récolter et la récolte de maïs et de haricots, les grains de base indispensables dans l’alimentation quotidienne des familles a été complètement perdue. Le manque d’aliments se ressent déjà mais grâce à Dieu nous espérons que peut-être à la fin août ou au début de septembre l’hiver (saison des pluies) revienne, favorisant ainsi les semailles pour la dernière récolte.
Cependant, selon des informations d’organismes qui étudient le comportement climatique au Nicaragua, il est probable que le phénomène du Niño (voir ci-dessous) continue jusqu’à la fin de l’année, ce qui aurait comme conséquence un manque de graines pour les semailles, une pénurie alimentaire, un manque de fourrage et d’eau pour le bétail et par suite un manque d’eau pour la consommation humaine.
Nous sommes allés voir les sources d’eau que CODER, avec votre aide, a améliorées pour faciliter l’accès à l’eau potable et elles sont encore capables de fournir pour la consommation d’eau des familles. Ce qui ne veut pas dire que leur débit n’a pas diminué mais il y a une différence avec d’autres qui n’ont pas été améliorées et qui ont moins de capacité.
02 sept 2015
Je t’informe qu’il n’a toujours pas plu par ici.
22 sept 2015
Par rapport aux effets du changement climatique dans notre région, on peut dire que le sourire commence à apparaître sur les visages des familles de paysans ; il a commencé à pleuvoir et les familles redoublent d’efforts pour produire leur nourriture ; ils profitent des quelques pluies qui ont commencé à tomber sur le territoire. Et il était temps de recevoir la bénédiction tant attendue de nos populations.
Cependant selon les pronostics du phénomène de sécheresse, celle-ci a tendance à s’aggraver et c’est pourquoi les familles parient sur la récolte de leurs semences de variétés locales comme stratégie de survie et sur la recherche de nouvelles alternatives de production.
De notre côté nous encourageons et accompagnons les processus qui permettent d’améliorer les systèmes de production plus respectueux de l’environnement et plus humains.
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P.S.
Qu’est ce que « El Niño » ?
El Niño, et son pendant La Niña, sont des phénomènes océaniques à grande échelle du Pacifique équatorial, affectant le régime des vents, la température de la mer et les précipitations.
D’où vient "El Niño. "
À l’origine, l’appellation El Niño a été attribuée par les pêcheurs péruviens à la petite invasion d’eau chaude qui se produit chaque année le long des côtes du Pérou et de l’Équateur aux environs de Noël - d’où son nom : en espagnol, El Niño désigne l’enfant Jésus. Par extension, le phénomène climatique correspondant au réchauffement accentué des eaux de surface près des côtes de l’Amérique du Sud porte aujourd’hui le nom d’El Niño. Nous savons qu’il est lié à un cycle de variations de la pression atmosphérique entre l’est et l’ouest du Pacifique, couplé à un cycle du courant océanique le long de l’équateur.
Seul l’Océan Pacifique est affecté par un phénomène aussi marqué, avec un impact planétaire. Les deux autres bassins océaniques, Indien et Atlantique, sont trop peu étendus pour permettre un tel phénomène, même s’ils subissent aussi des remontées d’eaux profondes et des régimes d’alizés.
Les conséquences d’"El Niño".
Lors d’un épisode El Niño, les hautes pressions du Pacifique Sud diminuent. Les alizés faiblissent, voire se renversent. Les eaux chaudes de surface, accompagnées de nuages et de précipitations, refluent de l’ouest vers l’est. Ainsi, lors des situations El Niño, des conditions sèches se développent sur l’Indonésie et sur l’Australie, les tempêtes tropicales et les ouragans apparaissent beaucoup plus à l’est qu’à l’habitude et viennent affecter la Polynésie française, tandis que les côtes du Pérou connaissent d’inhabituelles précipitations provoquant inondations et glissements de terrain. De plus, le poisson déserte les eaux côtières d’Amérique du Sud, les eaux chaudes étant beaucoup plus pauvres en nutriments que les remontées d’eaux froides habituelles. Les événements El Niño apparaissent d’une manière irrégulière, tous les 2 à 7 ans. Ces épisodes débutent en général en milieu d’année et durent de 6 à 18 mois. Ils atteignent leur intensité maximale vers Noël.