Compte rendu de l’AG du 9 mai 2009

L’Assemblée Générale s’est tenue cette année à l’Ecole Sainte Suzanne, à Orsay, le 9 mai, en présence de Peter Daniel et Ashok Bodhana et avec la participation, en début d’après-midi, de Daniel et Salvadora Veltin.

 Rapport d’activités et rapport moral
présenté par F. Lévesque, Présidente (EXTRAITS)

" Revenons à ce qui a été fait depuis notre dernière AG à La Combe.

1. D’abord par la CODER.

Depuis un an, la CODER a un nouveau bureau avec un nouveau président, Jorge Sanchez. Après leur AG de la mi-août 2008, Jorge a envoyé à Jean-Pierre la description détaillée des deux projets non encore subventionnés, que la CODER considérait comme prioritaires : le premier intitulé « Gestion semi-intensive du gros et du petit bétail dans 9 communautés de la commune de San Juan de Cinco Pinos » et le second « Femmes et médecine naturelle ».

Le premier projet concerne 80 familles paysannes de Cinco Pinos. Il vise à changer les habitudes d’élevage du gros et du petit bétail. La libre circulation des troupeaux sur les terres — qui est la pratique traditionnelle — participe en effet à l’érosion des sols. Elle entraîne, sur ces terrains accidentés, avec des pentes comprises entre 15 et 75 %, des glissements de terrain et une perte de la couche fertile. Au cours des dernières décennies, l’état des troupeaux s’est dégradé et les élevages ont fourni moins de produits laitiers à la consommation locale.
Le parcage des troupeaux protège non seulement les sols mais aussi l’eau des sources.

Jorge souligne, à propos de ce projet
- que le projet promeut la solidarité des bénéficiaires — qui, au départ, sont volontaires pour tenter l’expérience — grâce à l’utilisation partagée de la broyeuse,
- que l’argent que reçoivent les bénéficiaires est en fait un prêt pour une durée d’un an, à un taux de 10 %, dont le remboursement alimentera un fond tournant qui permettra à d’autres éleveurs de bénéficier du projet.

Le coût total du projet est de 14600 $. Le CA a décidé en octobre dernier, de le soutenir par un premier envoi représentant 75% du coût total du projet, parce que les achats pour démarrer (semences, fil barbelé, broyeuse…) sont une part importante du projet. Le solde sera envoyé après réception d’un rapport intermédiaire.

Le projet « Femmes et médecine naturelle » répond à un souci d’améliorer la santé de la population, toujours à l’ordre du jour. C’est essentiellement un programme de formation et de soutien des groupes de femmes, organisé soit autour du thème de la santé — prévention, information (sur les MST, le SIDA), formation (aux premiers soins lors des accouchements à haut risque…) —, soit autour du thème de la production des plantes médicinales traditionnelles - création de jardins, fabrication et contrôle des produits. Le coût du projet est estimé à 13000 $ par an pendant deux ans. Nous avons envoyé fin 2008, 6500 $ pour ce projet, soit 50% de la première année.

Enfin, Pierre Bioteau de l’association Peuples Solidaires nous a demandé il y a quelques mois, si nous voulions participer à la venue en France de deux membres de la CODER, comme nous l’avions fait en 2006 pour Flora et Francisco. Pierre a invité Jorge et Yasmina à la fin de l’année dernière. Ils ont accepté l’invitation et proposé de venir pendant les vacances scolaires, en juillet. Jorge est instituteur et Yasmina bibliothécaire, et c’est le moment où ils peuvent le plus facilement s’absenter. Mais en France, tous les retraités sont en vacances en juillet et Pierre a demandé à Jorge s’ils ne pouvaient pas venir plutôt en juin. Jorge a répondu qu’« il n’y a pas de problème, c’est seulement une courte interruption des cours au milieu de l’année ». En fait, depuis qu’il a été élu président de la CODER, Jorge a une décharge pour son enseignement et un remplaçant à l’école lorsqu’il a besoin de se rendre à une réunion ou effectuer un déplacement.

Nous avons discuté de notre participation à ce voyage en février. Nous n’étions pas tous d’accord et la discussion n’a pas permis de réconcilier les positions. C’est pourquoi nous vous proposons cet après midi, un débat sur ce thème : « Est-il légitime de dépenser de l’agent pour faire venir en France nos partenaires nicaraguayens et indiens ? »

Pour que vous puissiez mieux situer votre point de vue, je résume la position de ceux qui sont opposés à ces voyages : “ cet argent pourrait être tellement plus utile sur place où les besoins sont immédiats et immenses ” et la position de la majorité du CA : “ la rencontre est plus importante que l’argent. L’argent seul est rarement la solution du problème des familles pauvres. La découverte d’autres cultures participe au changement des mentalités, ici et là-bas (au Nord et au Sud). »

Le CA a voté, à la majorité, une subvention de 750 € pour cette visite.

2. Pour LITDS, je vais être rapide puisque nous avons avec nous Peter Daniel et qu’il pourra répondre à vos questions et vous parler bien mieux que moi de ses projets. Notre collaboration avec LITDS, pour le projet Santé, entre dans sa troisième et, en principe, dernière année. Nous nous sommes engagés à verser, pendant trois ans, deux fois 5000 € par an. L’an dernier, deuxième année, nous n’avons envoyé à la fin de l’année que 3500 €. C’était un compromis entre ce qui était prévu initialement en euros et en roupies, compte tenu du fait qu’en un an le cours de la roupie avait baissé de 15 % par rapport à l’euro.

Au total, en 2008, plus de 14000 personnes ont bénéficié du dispensaire, de la clinique mobile ou d’un transport d’urgence à l’hôpital, et dans les quatre premiers mois de 2009, presque 5000 personnes. Ce programme prévoyait la mise en place d’une assurance maladie négociée par LITDS avec une compagnie privée. Cette partie du programme a été abandonnée, parce que cette assurance devenait chère pour des gens qui n’ont presque rien, et parce que le gouvernement avait annoncé un programme d’assurance maladie à 50 Rs (moins d’un euro) par personne et par an. Mais des élections viennent d’avoir lieu dont les résultats ne sont pas encore connus, et le gouvernement en place pourrait n’être pas réélu. Et même s’il l’est, on ne peut pas savoir si, étant donnée la crise actuelle, le programmme d’assurance sera maintenu.

Peter Daniel pourra nous dire tout à l’heure comment il voit l’avenir du projet Santé pour les tribus.

3. Enfin, en décembre 2008, nous avons rencontré nos partenaires dans le Tamil Nadu, les deux ONG PCTC et TREE. Vous trouverez un compte-rendu détaillé de ces rencontres dans le prochain numéro du Petit Journal et, s’il nous reste du temps en fin d’AG, je pourrai vous montrer la video de présentation de TREE et quelques photos prises à cette occasion.

Je rappelle que nous avons reçu de la Fondation de France, fin 2006, une subvention pour construire un nouveau bâtiment pour le Centre de Soins pour enfants handicapés créé par TREE en 2005 dans la région de Tranquebar. Le terrain pour construire ce bâtiment a été acheté par PCTC sur ses fonds propres au printemps 2007 (coût du terrain : 72000 Rs, taxes : 50000 Rs, parce que le prix du terrain a été estimé par l’administration à plus de 300000 Rs). La construction du bâtiment a commencé l’été 2007. En mars 2008, DEMAINS a décidé de financer le fonctionnement du centre de soins pendant deux ans, à raison de 2300 $ par an, ce qui assure le salaire de 3 éducatrices et la location d’un véhicule....

Le nouveau bâtiment a été inauguré le 25 février 2009, en présence d’une douzaine de personnalités locales, ... A la fin de la cérémonie, PCTC qui a financé l’achat du terrain, la Fondation de France qui a financé la construction du bâtiment et DEMAINS qui participe au fonctionnement du centre, ont eu droit à un “ vote de remerciements ”.

TREE espère que le Centre de Soins sera agréé comme École Spécialisée, ce qui permettrait que son fonctionnement soit financé par l’administration indienne. Aucun autre centre pour enfants handicapés n’existe actuellement dans la région. Celui de TREE a pris par avance le nom d’École Spécialisée Kirubalayam, où Kirubalayam veut dire Grâce.
...

Une autre partie de la subvention de la Fondation de France prévoyait l’achat de vaches laitières et la création de groupes de micro-crédit (Self Help Groups) pour procurer des moyens d’existence à des personnes handicapées, physiquement ou socialement (dalits). ...
Il y a encore beaucoup de travail à faire pour que ces micro-coopératives deviennent autonomes. Et c’est plus une question d’éducation, de culture, qu’une question d’argent.

4. Les numéros 5 et 6 du Petit Journal ont été publiés.

Evelyne a recommencé à promener son vélo-calèche dans les rues de Saint Hilaire de Riez, suscitant de nouveau l’intérêt des passants.

5. Le groupe angevin a organisé, avec la compagnie “ les Artimbanques ”, une soirée théâtre très réussie, qui a réuni 200 personnes à la Maison pour Tous Monplaisir.

6. Les amis de Chantal à Cinco Pinos ont célébré le premier anniversaire de son décès. La CODER projette d’ouvrir un centre de formation en hommage à Chantal.

Avons-nous rempli notre contrat ?

Il est écrit dans notre charte que nous travaillerons avec des acteurs locaux qui essaient de donner aux populations les moyens d’améliorer elles-mêmes leurs conditions de vie, en visant une véritable réciprocité dans les échanges, une solidarité réfléchie et de longue durée, une information régulière sur le déroulement des projets et les réalités locales. J’espère que tout ceci, en 2008, nous l’avons réalisé, dans la mesure de nos moyens.

 Le rapport financier a été adopté

 Renouvellement du CA

4 membres du CA arrivaient en fin de mandat.
André Huber et Jean-Pierre Rossignol, ont été réélus.
Marie Lesaint et Hélène Sauvage ont été élues.
Denis Bobillier, démissionnaire, n’a pas été remplacé.

La composition du nouveau CA, de 8 membres, est donc la suivante : Aubierge BACQUE - Marie-France BAYEUX - André HUBER – Marie LESAINT – Françoise LEVESQUE - Hélène LIABEUF - Jean-Pierre ROSSIGNOL – Hélène SAUVAGE.

La cotisation reste fixée à 25 €.

  En fin de matinée, Peter Daniel a parlé du projet sur lequel il travaille actuellement :

C’est un projet qui s’adresse aux femmes vivant dans plusieurs bidonvilles de Secunderabad. La plupart ramassent les ordures, nettoient les rues ou sont employées domestiques. Elles sont analphabètes.

Peter Daniel travaille avec deux jeunes assistantes sociales à organiser ces femmes en "Self Help Groups" (groupes de micro-crédit). Jusqu’à présent, environ 700 femmes ont formé une cinquantaine de groupes. C’est le groupe qui décide de prêter de l’argent à tel ou tel membre, ou au contraire d’économiser. Les habitants des bidonvilles venant de tous les coins de l’Andhra Pradesh, ces femmes n’ont pas toujours la même culture : le groupe est fédéré par l’argent.

Le contexte du projet est le suivant : la municipalité d’Hyderabad lance une adjudication pour le ramassage des ordures. La personne qui l’emporte se voit confier un territoire très vaste qu’elle sous-traite à plusieurs personnes qui font elles-mêmes appel aux habitants des bidonvilles pour exécuter le travail. Ces derniers doivent payer au sous-traitant « un droit de débarrasser » les déchets, pour 50 à 70 maisons et un nombre défini de rues. Ils trient les déchets et revendent les produits recyclables, à bas prix, au sous-traitant, qui les revend, plus cher, à des entreprises.

Pour acheter ce droit, les femmes empruntent de l’argent à un taux usurier et travaillent pour payer les intérêts, sans pouvoir rembourser le capital.

Le projet consiste en la constitution d’un fonds de roulement pour permettre aux femmes de s’affranchir de l’étreinte des prêteurs de fonds. Elles pourront aussi améliorer leurs outils de travail (chariot pour ramasser les ordures) et revendre elles-mêmes les produits recyclables. Le fait de s’assumer financièrement leur permet de prendre confiance en elles, d’avoir une meilleure maîtrise de leur vie. En groupe, elles peuvent discuter de leurs problèmes quotidiens et être sensibilisées sur les conditions de vie des enfants (non scolarisés, obligés de travailler, victimes d’abus, de trafic, d’insécurité...)

Le projet devrait toucher plus de 1 000 femmes, qui deviendront ainsi indépendantes économiquement et auront un salaire décent pour faire vivre leur famille.

 En début d’après-midi, Daniel Veltin et son épouse qui revenait de Cinco Pinos ont parlé du Nicaragua et de la Coder.

 Ensuite, l’assemblée a débattu de la question du voyage de nos partenaires (et de nos voyages).

Peter Daniel a ouvert le débat en disant qu’il considère comme un devoir de nous faire partager la joie qu’il a à travailler avec les gens, à voir leur gratitude, une joie qu’il doit à tous ceux qui lui permettent de faire ce travail.

— Ces voyages permettent de créer des liens mais, a demandé Anne Bacqué, si ce ne sont pas les mêmes qui viennent, est-ce que la relation peut se construire ? (Pour la réponse à cette question, voir le compte-rendu de la visite de Jorge et Yasmina.)

Annette Chaumont a dit la joie qu’elle a eue de voir le visage de Salvadora s’éclairer quand elle a parlé de ce que la CODER fait à Cinco Pinos. « Voir qu’elle est aussi heureuse de tout ce qui a été fait est gratifiant et motivant » : la venue de nos partenaires permet aussi à tous ceux qui ne peuvent pas faire le voyage de les rencontrer.

La plupart des membres présents étaient favorables aux échanges, en faisant toutefois remarquer qu’il faut veiller à la fréquence, s’il doit y avoir financement. Quelques uns considéraient que “ ce n’est pas normal d’utiliser l’argent des donateurs pour ces voyages. ” (750 € tous les quatre ans, c’est 2.4 % de ce que nous avons consacré au soutien des projets ces quatre dernières années.) ...

Le nouveau Conseil d’Administration s’est réuni après l’AG, avec 7 membres présents sur 8. Le bureau a été élu, sans changement par rapport à 2008.

Hélène Sauvage reste responsable du journal. Le prochain numéro (n°7, à paraître en septembre) présentera le compte-rendu de la visite de Dominique et Françoise LEVESQUE à TREE, en décembre 2008.

P.-S.

 En 2010, l’Assemblée Générale se tiendra à MEUCON, près de Vannes. La date du week-end de Pentecôte (22 – 23 – 24 mai) a été arrêtée.